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Par cerise-déco le 2 Janvier 2015 à 10:15
Première gelée
Voici venir l'Hiver, tueur des pauvres gens.
Ainsi qu'un dur baron précédé de sergents,
Il fait, pour l'annoncer, courir le long des rues
La gelée aux doigts blancs et les bises bourrues.
On entend haleter le souffle des gamins
Qui se sauvent, collant leurs lèvres à leurs mains,
Et tapent fortement du pied la terre sèche.
Le chien, sans rien flairer, file ainsi qu'une flèche.
Les messieurs en chapeau, raides et boutonnés,
Font le dos rond, et dans leur col plongent leur nez.
Les femmes, comme des coureurs dans la carrière,
Ont la gorge en avant, les coudes en arrière,
Les reins cambrés. Leur pas, d'un mouvement coquin,
Fait onduler sur leur croupe leur troussequin.
Oh ! comme c'est joli, la première gelée !
La vitre, par le froid du dehors flagellée,
Étincelle, au dedans, de cristaux délicats,
Et papillotte sous la nacre des micas
Dont le dessin fleurit en volutes d'acanthe.
Les arbres sont vêtus d'une faille craquante.
Le ciel a la pâleur fine des vieux argents.
Voici venir l'Hiver, tueur des pauvres gens.
Voici venir l'Hiver dans son manteau de glace.
Place au Roi qui s'avance en grondant, place, place !
Et la bise, à grands coups de fouet sur les mollets,
Fait courir le gamin. Le vent dans les collets
Des messieurs boutonnés fourre des cents d'épingles.
Les chiens au bout du dos semblent traîner des tringles.
Et les femmes, sentant des petits doigts fripons
Grimper sournoisement sous leurs derniers jupons,
Se cognent les genoux pour mieux serrer les cuisses.
Les maisons dans le ciel fument comme des Suisses.
Près des chenets joyeux les messieurs en chapeau
Vont s'asseoir ; la chaleur leur détendra la peau.
Les femmes, relevant leurs jupes à mi-jambe,
Pour garantir leur teint de la bûche qui flambe
Étendront leurs deux mains longues aux doigts rosés,
Qu'un tendre amant fera mollir sous les baisers.
Heureux ceux-là qu'attend la bonne chambre chaude !
Mais le gamin qui court, mais le vieux chien qui rôde,
Mais les gueux, les petits, le tas des indigents...
Voici venir l'Hiver, tueur des pauvres gens.
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Par cerise-déco le 30 Décembre 2014 à 09:28
Le premier jour de l'an
Les sept jours frappent à la porte.
Chacun d'eux vous dit : lève-toi !
Soufflant le chaud, soufflant le froid,
Soufflant des temps de toutes sortes,
Quatre saisons et leur escorte
Se partagent les douze mois.
Au bout de l'an, le vieux portier
Ouvre toute grande la porte
Et d'une voix beaucoup plus forte
Crie à tous vents : Premier Janvier !Pierre Menanteau
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Par cerise-déco le 27 Décembre 2014 à 15:07
Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergersPauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aiméAux lisières lointaines
Les cerfs ont braméEt que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écouleGuillaume Apollinaire
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Par cerise-déco le 22 Décembre 2014 à 14:25
j'avais fait ce défi ici ,vous aviez participé avec gentillesse comme lorsque vous participez à mes cluster
C'EST NOEL TOUS LES JOURS
C'est Noël sur la terre chaque jour,
Car Noël, ô mon frère, c'est l'Amour.
1-C'est Noël chaque fois
qu'on essuie une larme
dans les yeux d'un enfant.
C'est Noël chaque fois
qu'on dépose les armes,
chaque fois qu'on s'entend.
C'est Noël chaque fois
qu'on arrête une guerre,
et qu'on ouvre ses mains.
C'est Noël chaque fois
qu'on force la misère
à reculer plus loin.
2-C'est Noël quand nos cœurs,
oubliant les offenses,
sont vraiment fraternels.
C'est Noël quand enfin
se lève l'espérance
d'un amour plus réel.
C'est Noël quand soudain,
se taisent les mensonges
faisant place au bonheur
et qu'au fond de nos vies,
la souffrance qui ronge
trouve un peu de douceur.
3-C'est Noël dans les yeux
du pauvre qu'on visite
sur son lit d'hôpital.
C'est Noël dans le cœur
de tous ceux qu'on invite
pour un bonheur normal.
C'est Noël dans les mains
de celui qui partage
aujourd'hui notre pain.
C'est Noël quand le gueux
oublient tous les outrages
et ne sent plus la faim.pris sur
Le monde de la philo et de la poésie
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