• Première gelée : poème de Jean RICHEPIN

    Première gelée

     

    Voici venir l'Hiver, tueur des pauvres gens.

    Ainsi qu'un dur baron précédé de sergents,
    Il fait, pour l'annoncer, courir le long des rues
    La gelée aux doigts blancs et les bises bourrues.
    On entend haleter le souffle des gamins
    Qui se sauvent, collant leurs lèvres à leurs mains,
    Et tapent fortement du pied la terre sèche.
    Le chien, sans rien flairer, file ainsi qu'une flèche.
    Les messieurs en chapeau, raides et boutonnés,
    Font le dos rond, et dans leur col plongent leur nez.
    Les femmes, comme des coureurs dans la carrière,
    Ont la gorge en avant, les coudes en arrière,
    Les reins cambrés. Leur pas, d'un mouvement coquin,
    Fait onduler sur leur croupe leur troussequin.

    Oh ! comme c'est joli, la première gelée !
    La vitre, par le froid du dehors flagellée,
    Étincelle, au dedans, de cristaux délicats,
    Et papillotte sous la nacre des micas
    Dont le dessin fleurit en volutes d'acanthe.
    Les arbres sont vêtus d'une faille craquante.
    Le ciel a la pâleur fine des vieux argents.

    Voici venir l'Hiver, tueur des pauvres gens.

    Voici venir l'Hiver dans son manteau de glace.
    Place au Roi qui s'avance en grondant, place, place !
    Et la bise, à grands coups de fouet sur les mollets,
    Fait courir le gamin. Le vent dans les collets
    Des messieurs boutonnés fourre des cents d'épingles.
    Les chiens au bout du dos semblent traîner des tringles.
    Et les femmes, sentant des petits doigts fripons
    Grimper sournoisement sous leurs derniers jupons,
    Se cognent les genoux pour mieux serrer les cuisses.
    Les maisons dans le ciel fument comme des Suisses.
    Près des chenets joyeux les messieurs en chapeau
    Vont s'asseoir ; la chaleur leur détendra la peau.
    Les femmes, relevant leurs jupes à mi-jambe,
    Pour garantir leur teint de la bûche qui flambe
    Étendront leurs deux mains longues aux doigts rosés,
    Qu'un tendre amant fera mollir sous les baisers.
    Heureux ceux-là qu'attend la bonne chambre chaude !
    Mais le gamin qui court, mais le vieux chien qui rôde,
    Mais les gueux, les petits, le tas des indigents...

    Voici venir l'Hiver, tueur des pauvres gens.

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  • Le premier jour de l'an

     

    Les sept jours frappent à la porte.
    Chacun d'eux vous dit : lève-toi !
    Soufflant le chaud, soufflant le froid,
    Soufflant des temps de toutes sortes,
    Quatre saisons et leur escorte
    Se partagent les douze mois.
    Au bout de l'an, le vieux portier
    Ouvre toute grande la porte
    Et d'une voix beaucoup plus forte
    Crie à tous vents : Premier Janvier !

    Pierre Menanteau

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  •  

    Automne malade et adoré
    Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
    Quand il aura neigé
    Dans les vergers

    Pauvre automne
    Meurs en blancheur et en richesse
    De neige et de fruits mûrs
    Au fond du ciel
    Des éperviers planent
    Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
    Qui n’ont jamais aimé

    Aux lisières lointaines
    Les cerfs ont bramé

    Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
    Les fruits tombant sans qu’on les cueille
    Le vent et la forêt qui pleurent
    Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
    Les feuilles
    Qu’on foule
    Un train
    Qui roule
    La vie
    S’écoule

     

    Guillaume Apollinaire

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    11 commentaires
  •  

    j'avais fait ce défi      ici       ,vous aviez participé avec gentillesse comme lorsque vous participez à mes cluster

    défi du mois de décembre 2012 : noel n'a pas de couleur

     

     

     

    défi du mois de décembre 2012 : noel n'a pas de couleur

     

     

     

     

     

     C'EST NOEL TOUS LES JOURS

    C'est Noël sur la terre chaque jour,
    Car Noël, ô mon frère, c'est l'Amour.


    1-C'est Noël chaque fois
    qu'on essuie une larme
    dans les yeux d'un enfant.
    C'est Noël chaque fois
    qu'on dépose les armes,
    chaque fois qu'on s'entend.
    C'est Noël chaque fois
    qu'on arrête une guerre,
    et qu'on ouvre ses mains.
    C'est Noël chaque fois
    qu'on force la misère
    à reculer plus loin.



    2-C'est Noël quand nos cœurs,
    oubliant les offenses,
    sont vraiment fraternels.
    C'est Noël quand enfin
    se lève l'espérance
    d'un amour plus réel.
    C'est Noël quand soudain,
    se taisent les mensonges
    faisant place au bonheur
    et qu'au fond de nos vies,
    la souffrance qui ronge
    trouve un peu de douceur.


    3-C'est Noël dans les yeux
    du pauvre qu'on visite
    sur son lit d'hôpital.
    C'est Noël dans le cœur
    de tous ceux qu'on invite
    pour un bonheur normal.
    C'est Noël dans les mains
    de celui qui partage
    aujourd'hui notre pain.
    C'est Noël quand le gueux
    oublient tous les outrages
    et ne sent plus la faim.

    pris sur

     

    Le monde de la philo et de la poésie

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