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Par cerise-déco le 25 Novembre 2014 à 12:08
Le temps des noyaux
Jacques PRÉVERTRecueil : "Paroles"Soyez prévenus vieillards
soyez prévenus chefs de famille
le temps où vous donniez vos fils à la patrie
comme on donne du pain aux pigeons
ce temps-là ne reviendra plus
prenez-en votre parti
c’est fini
le temps des cerises ne reviendra plus
et le temps des noyaux non plus
inutile de gémir
allez plutôt dormir
vous tombez de sommeil
votre suaire est fraîchement repassé
le marchand de sable va passer
préparez vos mentonnières
fermez vos paupières
le marchand de gadoue va vous emporter
c’est fini les trois mousquetaires
voici le temps des égoutiersLorsque avec un bon sourire dans le métropolitain
poliment vous nous demandiez
deux points ouvrez les guillemets
descendez-vous à la prochaine
jeune homme
c’est de la guerre dont vous parliez
mais vous ne nous ferez plus le coup du père Français
non mon capitaine
non monsieur un tel
non papa
non maman
nous ne descendrons pas à la prochaine
ou nous vous descendrons avant
on vous foutra par la portière
c’est plus pratique que le cimetière
c’est plus gai
plus vite fait
c’est moins cherQuand vous tiriez à la courte paille
c’était toujours le mousse qu’on bouffait
mais le temps des joyeux naufrages est passé
lorsque les amiraux tomberont à la mer
ne comptez pas sur nous pour leur jeter la bouée
à moins qu’elle ne soit en pierre
ou en fer à repasser
il faut en prendre votre parti
le temps des vieux vieillards est finiLorsque vous reveniez de la revue
avec vos enfants sur vos épaules
vous étiez saouls sans avoir rien bu
et votre moelle épinière
faisait la folle et la fière
devant la caserne de la Pépinière
vous travailliez de la crinière
quand passaient les beaux cuirassiers
et la musique militaire
vous chatouillait de la tête aux pieds
vous chatouillait
et les enfants que vous portiez sur vos épaules
vous les avez laissés glisser dans la boue tricolore
dans la glaise des morts
et vos épaules se sont voûtées
il faut bien que jeunesse se passe
vous l’avez laissée trépasserHommes honorables et très estimés
dans votre quartier
vous vous rencontrez
vous vous congratulez
vous vous coagulez
hélas hélas cher Monsieur Babylas
j’avais trois fils et je les ai donnés
à la patrie
hélas hélas cher Monsieur de mes deux
moi je n’en ai donné que deux
on fait ce qu’on peut
ce que c’est que de nous…
avez-vous toujours mal aux genoux
et la larme à l’œil
la fausse morve de deuil
le crêpe au chapeau
les pieds bien au chaud
les couronnes mortuaires
et l’ail dans le gigot
vous souvenez-vous de l’avant-guerre
les cuillères à absinthe les omnibus à chevaux
les épingles à cheveux
les retraites aux flambeaux
ah que c’était beau
c’était le bon tempsBouclez-la vieillards
cessez de remuer votre langue morte
entre vos dents de faux ivoire
le temps des omnibus à cheveux
le temps des épingles à chevaux
ce temps-là ne reviendra plus
à droite par quatre
rassemblez vos vieux os
le panier à salade
le corbillard des riches est avancé
fils de saint Louis montez au ciel
la séance est terminée
tout ce joli monde se retrouvera là-haut
près du bon dieu des flics
dans la cour du grand dépôtEn arrière grand-père
en arrière père et mère
en arrière grands-pères
en arrière vieux militaires
en arrière les vieux aumôniers
en arrière les vieilles aumônières
la séance est terminée
maintenant pour les enfants
le spectacle va commencer.1936
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Par cerise-déco le 20 Novembre 2014 à 20:25
je viens d'écouter le conseil privé de zaz : mes jeunes années avec mon père qui chantait pour moi , quel bonheur , il m'a sauté au visage
La lune trop blêmePose un diadème
Sur tes cheveux roux
La lune trop rousse
De gloire éclabousse
Ton jupon plein d'trous
La lune trop pâle
Caresse l'opale
De tes yeux blasés
Princesse de la rue
Soies la bienvenue
Dans mon coeur brisé
Les escaliers de la butte
Sont durs aux miséreux
Les ailes du moulin
Protègent les amoureux
Ma p'tite mendigote
Je sens ta menotte
Qui cherche ma main
Je sens ta poitrine
Et ta taille fine
J'oublie mon chagrin
Je sens sur tes lèvres
Une odeur de fièvre
De gosse mal nourri
Et sous ta caresse
Je sens une ivresse
Qui m'anéantit
Les escaliers de la butte
Sont durs aux miséreux
Les ailes du moulin
Protègent les amoureux
Les escaliers de la butte
Sont durs aux miséreux
Les ailes du moulin
Protègent les amoureuxelle l'a mise au gout du jour avec maestria ,impossible de vous la mettre car elle n'est pas encore sur le net , elle me fait penser à tous ces grands chanteurs auteurs de ma jeunesse , brel , ferrat ,mouloudgi et ferré , même registre
10 commentaires -
Par cerise-déco le 14 Novembre 2014 à 13:09Janvier nous prive de feuillage ;Février fait glisser nos pas ;Mars a des cheveux de nuage,Avril, des cheveux de lilas ;Mai permet les robes champêtres ;Juin ressuscite les rosiers ;Juillet met l'échelle aux fenêtres,Août, l'échelle aux cerisiers.Septembre, qui divague un peu, Pour danser sur du raisin bleu S'amuse à retarder l'aurore ;Octobre a peur ;Novembre a froid ;Décembre éteint les fleurs ;et, moi, L'année entière je t'adore !
Rosemonde Gérard
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Par cerise-déco le 20 Octobre 2014 à 09:14
Matin d’octobre
C’est l’heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L’érable à sa feuille de sang.Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées ;
Mais ce n’est pas l’hiver encore.Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l’air tout rose,
On croirait qu’il neige de l’or.François COPPÉE (1842-1908)
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